La naissance d’une vision

Chaque année, les camps bibliques d’enfants avaient un grand impact au point que les enfants devenaient grands pour les seules mains de la JAD. Certains membres du comité technique commençaient déjà à trouver qu’il n’était plus suffisant d’encadrer les enfants uniquement lors des camps bibliques. Il fallait un encadrement permanent. Au fil des ans, ils voyaient l’impact des camps sur les enfants (protestants mais aussi musulmans et catholiques). Ceux-ci repartaient la vie transformée grâce au Saint-Esprit. Les parents eux-mêmes constataient cela. Une fois par an ce n’était plus suffisant alors. Il fallait repenser à la stratégie, à la mission autrement. Ils remarquèrent que les enfants avaient besoin d’un sérieux encadrement. Il fallait prendre leur cause très au sérieux car ceux-ci constituaient l’Eglise future, les futurs leaders, les pasteurs, les femmes engagées, les jeunes leaders des églises… Un verset vint renforcer la conviction du comité d’organisation des camps par rapport à la création d’un département pour enfants. Ce verset porte sur Lamentations 4. 4 : « La langue du nourrisson s’attache à son palais, desséchée par la soif ; les enfants demandent du pain, et personne ne leur en donne. »

 

Au sein de la JAD, les avis divergeaient. Certains jeunes voulaient que l’Eglise nationale détache les enfants de la JAD afin de leur donner un encadrement holistique et solide sur le salut et les vérités bibliques. Cependant, d’autres trouvaient que les enfants constituaient la prunelle de la JAD et qu’il fallait laisser la composition en l’état. Or, la vision était que les enfants soient encadrés trois fois au moins par semaine (jeudi, samedi et dimanche) par les moniteurs et les monitrices. Mais avant, les moniteurs et les monitrices devaient eux-mêmes être bien formés et avoir la crainte de Dieu pour pouvoir conduire ce groupe vulnérable de l’Eglise.

 

L’aspect spirituel, l’édification des enfants, leur épanouissement socioculturel et intégral étaient la grande préoccupation de certains responsables de l’époque, les principales motivations qui ont sous-tendues le détachement des enfants d’avec leurs aînés de la JAD. La vision de ces leaders était toute simple donc : regrouper les enfants dans un cadre bien défini et officiel et disposer de moniteurs et monitrices dévoués, engagés, bien formés pour inculquer aux enfants les bonnes pratiques et veiller à leur développement intégral. Cette séparation des enfants d’avec les aînés de la JAD devait permettre, outre les raisons suscitées, d’organiser plusieurs camps simultanément au lieu d’un seul, de toucher des milliers d’enfants au lieu de centaines seulement.

Pour ce faire, la séparation n’était pas perçue, contrairement à ce certains pensaient, comme un affaiblissement de la JAD mais plutôt comme un renforcement de l’Eglise nationale et du corps de Christ. Il ne s’agissait pas de mener des combats de leadership et de croissance numérique mais de répondre au plan de Dieu en prenant le soin d’encadrer les tout-petits comme il se devait. Selon une telle vision, il fallait préparer les futurs jeunes. Or, les camps annuels ne permettaient pas de donner tous les rudiments nécessaires aux enfants pour qu’ils soient matures dans la foi et qu’ils tendent vers la stature parfaite de Christ.

De plus, dans de nombreuses églises, les enfants étaient considérés comme des « dérangeurs », des « perturbateurs de cultes », des « irresponsables qui empêchent d’être en communion avec Dieu ». Ils étaient dès lors mis à l’écart. Compte tenu du fait qu’on disait qu’ils faisaient du bruit, ils étaient congédiés hors du bâtiment de l’église pour aller s’amuser ailleurs ou recevoir des bonbons loin des grandes personnes. La mentalité qui prévalait souvent était qu’ils n’étaient pas assez grands pour entendre, comprendre et vivre les choses de Dieu. Certains, à l’instar des disciples de Jésus dans Marc 10. 13, allaient jusqu’à croire que Dieu n’avait pas de temps à perdre avec les enfants.

Cependant, Dieu montrait toujours que les enfants lui tenaient à cœur. C’est pourquoi dans Marc 10. 14, Jésus a pu dire :

 

« Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. »

 

Les camps bibliques ont contribué à renforcer la vision de nombreuses personnes et à les convaincre de la nécessité de séparer les enfants de la JAD. Pendant les camps, les moniteurs priaient avec les enfants. Ceux-ci avaient des visions, recevaient des prophéties et manifestaient leur foi. Selon une anecdote d’ailleurs, lors d’un camp biblique, des enfants auraient vu un serpent et lui auraient intimé l’ordre de rester sur place au nom de Jésus. Le serpent n’aurait pas bougé jusqu’à ce que des moniteurs viennent le tuer.

 

Le comité d’organisation des camps cherchait à être utile aux parents et à l’Eglise. Les moniteurs étaient formés de façon complète, équipés pour réussir leur mission. Par le canal des enfants, Dieu bénissait aussi les moniteurs et les monitrices, à telle enseigne qu’aucun moniteur ou qu’aucune monitrice n’échouait dans sa vie pour s’être consacré entièrement aux enfants. C’est à travers les enfants que le Seigneur comblait les moniteurs et les monitrices de sa grâce et de ses bénédictions. Les camps étaient tellement intéressants que certains enfants, voire des monitrices pleuraient pour y retourner.

Dieu faisait par ailleurs des miracles, des prodiges dans la vie de tout le monde. Quelle que soit la responsabilité assumée lors des camps, le Seigneur ne manquait pas d’arroser chacun de ses bontés et de ses compassions qui se renouvellent chaque matin selon Lamentations 3. 22-23 : « Les bontés de l’Eternel ne sont pas épuisées, ses compassions ne sont pas à leur terme ; elles se renouvellent chaque matin. Oh ! que ta fidélité est grande ! » Quand les enfants repartaient des camps avec une flamme, il fallait travailler à maintenir cette flamme.